Mon jardin intérieur, rédigé pour la revue Virtual écriture n° 12
Cette rencontre, ce petit rien, c’est mon secret, c’est mon jardin intérieur.
Tableau blanc. Il y fait froid dans ce tableau, pourtant j’y entre. Sous la couleur, ou son absence, je vois une vie endormie.
Nous les hommes, on vient chercher dans ce calme créé par la métamorphose du lieu, le silence propice à la régénération des sens.
Peu à peu, le soleil me happe, la neige me réchauffe, mes pieds glissent, se soulèvent, se relâchent.
Devant moi, des sapins, des conifères de tous les âges, ils sont recouverts d’un manteau laiteux qui me donne envie d’épurer mes pensées.
Je me détache du groupe, des rires et des paroles.
Je marche vers le vide, le rien, l’absence.
Pourtant, le vie grouille. Comment ne pas trouver un insecte dans la terre, un rapace qui plane sur nos têtes, un écureuil qui saute de branche en branche ?
Ici, chaque image se superpose, irréelle et évanescente.
Je plonge dans la forêt, puis je décide de m’arrêter pour observer.
Je m’imprègne de cette vision sculpturale des vallons montants et descendants figés par la blancheur tombée des cieux.
Soudain, j’aperçois un animal. Il est au loin. Serait-ce un chamois ?
Il ne bouge pas, mais il est là.
Ma mémoire tente de tout voir, son poil noisette, sa queue courte, ses petites oreilles aux aguets, son œil brillant.
Nous nous fixons un long instant. Puis il disparaît dans le blanc.
Les rires et les paroles sont là, revenus du fond des bois.
Un sourire palpite dans mes yeux, rien que pour moi.
Cette rencontre, ce petit rien, c’est mon secret.
C’est mon jardin intérieur.
Béatrice