Comprendre l’argumentation indirecte dans les genres de l’argumentation au XVIe siècle

Afin de comprendre pourquoi un grand écrivain du XVIIe siècle comme la Fontaine a utilisé l’argumentation indirecte pour écrire ses apologues ou fables, nous devons tout d’abord nous replacer dans le contexte historique de ce siècle.

Nous sommes en effet sous le règne de Louis XIV, du pouvoir personnel et de la monarchie absolue, et certaines vérités pouvaient être dangereuses à dire ouvertement pour l’auteur et il se devait de contourner la censure. A ce propos, son ami « Fouquet » qui le protégeait fut disgracié et emprisonné par Louis XIV.

Comprendre l’argumentation indirecte dans les genres de l’argumentation au XVIIe siècle

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Afin de comprendre pourquoi un grand écrivain du XVIIe siècle comme  Jean de la Fontaine a utilisé l’argumentation indirecte pour écrire ses apologues ou fables, nous devons tout d’abord nous replacer dans le contexte historique de ce siècle.

Nous sommes en effet sous le règne de Louis XIV, du pouvoir personnel et de la monarchie absolue, et certaines vérités pouvaient être dangereuses à dire ouvertement pour l’auteur et il se devait de contourner la censure. A ce propos, son ami « Fouquet » qui le protégeait fut disgracié et emprisonné par Louis XIV.


Jean de la Fontaine est né en 1621 et est décédé en 1695. Il a donc traversé une importante partie du XVIIe siècle, qui est la période du classicisme en littérature. 

Le Classicisme est un courant esthétique et artistique regroupant l’ensemble des ouvrages qui prennent comme référence esthétique les chefs-d’œuvre de l’Antiquité gréco-latine.

Ces contes et fables (ou apologues), qui combinent l’art du récit et la critique sociale lui valent un immense succès car il peint la société de son temps d’une manière amusante, dans un récit rapide et vite exposé. Il personnifie les animaux en les faisant dialoguer, et acquiert de cette manière une plus grande liberté d’expression.

Leçon sur la Fontaine, le classicisme et l'argumentation indirecte de béatrice Monge


Sujet de dissertation possible sur l’argumentation indirecte :

Quel est, selon vous, l’intérêt d’argumenter de façon indirecte, c ‘est-à-dire par message caché ou voilé, à l’aide de récits imagés ?

  • Contexte historique, politique et social difficile
  • Volonté de ne pas choquer le lecteur
  • Efficacité de la persuasion : ironie, humour
  • Regard distancié qui permet l’objectivité
  • Position du moraliste difficile

et aussi :

  • Qualités pour convaincre et persuader
  • L’humour est souvent employé dans l’argumentation indirecte pour séduire le lecteur
  • La satire fait sourire tout en se moquant des défauts
  • Objectivité apparente de la critique pour offrir l’occasion
  • au lecteur d’exercer sa réflexion.
  • Dimension philosophique et universelle.

Pour en savoir plus, ou obtenir une leçon plus approfondie sur l’argumentation indirecte au XVIIe siècle, m’envoyer un message pour me faire part de votre demande. Merci !

 

Oral du bac français : « l’homme à la cervelle d’or » d’Alphonse DAUDET

Avant de débuter l’étude de ce texte, je rappelle aux lecteurs que ce cours est gratuit, mais j’apprécierais un juste retour de la part de tous, car je ne donne pas que des cours de français.

Je suis aussi depuis janvier 2020 écrivain. Ainsi, ce blog est également dédié à la promotion de mon roman « La vie cachée de Mina M ».

et du « Le pouvoir de la bague »

Je vous remercie si vous voulez bien cliquer sur le lien et partager sur vos réseaux sociaux les pages concernant sa promotion. ♥♥♥♥♥

Béatrice ♥♥ (Follow me) ♥♥

Oral du bac  français : « l’homme à la cervelle d’or » d’Alphonse DAUDET

Aujourd’hui, je vous propose de préparer ensemble une nouvelle simulation de l’oral du bac français avec le texte : « l’homme à la cervelle d’or » d’Alphonse DAUDET.


Avant de débuter notre analyse du texte « l’homme à la cervelle d’or » d’Alphonse DAUDET

en vue de préparer ensemble une simulation d’oral du bac français, voici quelques rappels méthodologiques :

A l’oral : ce qui est demandé au candidat, c’est d’avoir :

  • Une bonne capacité d’analyse critique et de prendre en compte la question qui est posée et d’y apporter une réponse précise et détaillée.

  • De préparer une bonne introduction au commentaire de texte (aussi bien à l’oral qu’à l’écrit) avec le nom de l’auteur, le genre, le thème, l’époque et la situation du passage dans l’oeuvre.

  • De faire un plan détaillé de votre explication avec les exemples à citer (en les soulignant dans le texte), ce qui vous permettra d’énoncer l’idée directrice de chaque axe et de retrouver les exemples plus facilement.


Déroulement de l’épreuve :

Plan du travail en vue de l’oral :

  • Introduction : présenter l’auteur et le texte en le centrant sur la problématique.

Alphonse Daudet , est né la même année qu’Emile Zola (en 1840) et dix ans avant Guy de Maupassant (1850) : voir simulation d’oral du bac « Le Horla » de Maupassant.

Né à Nîmes dans le département du Gard, il est mort en (à l’âge de 57 ans) à Paris.  C’est un écrivain et auteur dramatique français. Il est célèbre pour ses Lettres de mon moulin publiées en 1869.  L’une d’elles, intitulée « La légende de l’homme à la cervelle d’or », est un récit personnel, de genre épistolaire (écrit sous forme d’une lettre) où il exprime tout d’abord sa tristesse d’avoir perdu un ami, puis dans un deuxième temps, il offre le cadeau (d’une légende mélancolique) racontant la vie d’un enfant, puis d’un jeune homme généreux abusé par ses proches parce qu’il possède un cerveau en or qu’il disperse naïvement. C’est un apologue d’abord paru dans L’Événement du 29 septembre 1866 (Un apologue est un récit qui a pour fonction d’illustrer une leçon morale qui peut être formulée explicitement).

Cours de français à, distance
Portrait d’Alphonse Daudet
  • Lire le texte : vous pouvez le trouver sur Internet.
  • Rappeler la question comment expliquez-vous cette légende ?
  • Annoncer les grands axes.

I -Lettre en deux parties à une dame qui demande des histoires gaies.

  1. Une lettre triste qui reflète le vécu et la tristesse de l’auteur (fonction affective).
  2. Cadeau de la légende de l’homme à la cervelle d’or à la dame qui demande des histoires gaies.

II- L’épuisement de son or

  1. La légende de l’homme à la cervelle d’or.
  2. Cupidité des gens qui abusent de la générosité du personnage- auteur.

Explication du passage :

De genre épistolaire, Les premiers paragraphes simulent un dialogue : l’ épistolier qui s’exprime à la première personne du singulier écrit une lettre à une dame qu’il vouvoie « En lisant votre lettre, madame ». Elle est le destinataire : (c’est la personne à qui la lettre est adressée). De même, la lettre se termine par une formule de congés : »Telle est, madame, la légende de l’homme à la cervelle d’or ».

Dans cette lettre, l’épistolier exprime ses sentiments et les faire connaître à sa destinataire. Elle a ainsi dans la première partie une fonction affective importante. Bien qu’il s’étonne de sa tristesse : Pourquoi serais-je triste, après tout ? Il est anéanti pour différentes raisons : il broie régulièrement du noir  : couleur un peu trop demi-deuil de mes historiettes,  Paris qui lui envoie des éclaboussures de ses tristesses. Puis il est en deuil, il a perdu son ami Charles Barbara (qui lui inspire en partie la légende de l’homme ….) : je viens d’apprendre la mort misérable du pauvre Charles Barbara ; et mon moulin en est tout en deuil.

Puis débute la légende qui est une histoire vraie d’après son auteur : la légende de L’homme à la cervelle d’or commence par la locution verbale impersonnelle « il y a » et elle ne s’embarrasse pas de vraisemblance scientifique L’enfant naît avec une cervelle d’or. C’est un enfant prodigue. Puis il devient un homme. Toute sa vie, ses proches en profitent (parents, amis et femme) que ce soit de manière consciente ou inconsciente. Toutefois l’homme à la cervelle d’or ne tire pas d’avantages de cette situation : il ne semble pas vraiment heureux (enfance gâchée, cupidité de sa famille et de sa femme, décès de sa femme) et connaît une fin tragique car il semble proche de la mort à la fin du conte.

Conclusion

Cette nouvelle peut se comprendre en partie par cette phrase,  : « Il y a par le monde de pauvres gens qui sont condamnés à vivre de leur cerveau et paient en bel or fin, avec leur moelle et leur substance, les moindres choses de la vie. C’est pour eux une douleur de chaque jour »

Ces pauvres gens, ce sont les créateurs, les écrivains dont c’est le métier, qui souffrent chaque jour pour produire et gagner leur vie. L’homme à la cervelle d’or est donc une métaphore des écrivains (A Daudet et Charles Barbara) qui créent leurs œuvres en épuisant leurs ressources intérieures, jusqu’à ce que celles-ci soient anéanties. Ils signent alors leur mort (réelle ou artistique).

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Le futur et le conditionnel, comment bien les orthographier ?

Le futur et le conditionnel, comment bien les orthographier ?
Afin de distinguer le futur du conditionnel et bien les orthographier, il faut déjà se souvenir  que, Quel que soit le verbe et son groupe, et pour une action qui se passe dans l’avenir , on emploie le futur :

Au futur, à la première personne du singulier, le verbe ne prend pas de  » s »

Le futur et le conditionnel, comment bien les orthographier ?


Afin de distinguer le futur du conditionnel et bien les orthographier, il faut déjà se souvenir  que, quel que soit le verbe et son groupe, et pour une action qui se passe dans l’avenir , on emploie le futur :

  • Au futur, à la première personne du singulier, le verbe ne prend pas de  » s »

  • Exemple d’un verbe conjugué au futur : Demain : je finirai… tu finiras, il finira, nous finirons, vous finirez, ils finiront.


  • On peut aussi utiliser le futur pour une supposition (hypothèse sur le futur, incertitude, possibilité de réalisation, conditionssous la forme de :

Si + présent => futur.

Exemples : 1) s’ils construisent une nouvelle école, ce sera un véritable progrès.

2) Si nous buvons du jus d’orange tous les matins, nous serons en forme.

3) Si nous partons à Noël, nous irons au soleil.


  • On peut enfin remplacer dans certains cas l’impératif par le futur.

Exemples : 1) Attendez-moi devant le restaurant ⇒ Vous m’attendrez devant le restaurant.

2) Sers le plat tant qu’il est chaud s’il te plaît ⇒ Tu serviras le plat tant qu’il est chaud s’il te plaît.


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  • Au conditionnel, il en prend un  » s » à la première personne du singulier, et prend un « i » à la première et 2eme personne du pluriel. Enfin, il se termine par « aient » à la 3eme personne du pluriel.

Exemple du verbe « finir » : Si c’était possible, je finirais, tu finirais, il finirait, nous finirions, vous finiriez, ils finiraient.

Comme vous avez pu le constater, 1) On note que la phrase commence par un « si » qui reflète une hypothèse, 2) On utilise le temps l’imparfait dans la première partie de la phrase et le conditionnel présent dans la 2nd partie.

Si + imparfait ⇒ conditionnel

Exemples : on l’emploie pour une exprimer une condition, avec la formule : si + imparfait => conditionnel.

Si nous soutenions ce candidat, il pourrait être élu.

Si elle parlait mieux l’anglais, elle vivrait au Canada.

  • On l’emploie pour exprimer un souhait.

J’aimerais être une actrice. J’aurais une garde-robe magnifique.

  • On l’emploie pour s’exprimer de manière polie.

Accepteraistu de me déposer à la gare ?

Je voudrais un pain aux raisons s’il vous plaît.

  • On l’emploie pour transmettre une information incertaine (une hypothèse).

Il y aurait une panne d’électricité.

Je devrais aimer cet hôtel.

L’e-book pourrait voir le jour d’ici cinq ans.


Pour parler d’une hypothèse sur le passé, on utilise si + plus que parfait et le conditionnel passé.

Si tu avais été (v. être) grand, tu aurais pu (V. Vouloir) passer ce filet sans problèmes.

 


Pour en savoir plus, n’hésitez pas à me laisser un message ou à me commander des cours à distance !

 

 

 

Les sens ne sont-ils pas suffisants pour nous fournir toutes nos connaissances ?

Méthodologie de l’explication de texte : qu’est-ce qu’expliquer un texte ?

Expliquer, c’est dire l’essentiel, dire « en peu de mots » Expliquer, c’est expliciter, analyser. Expliquer, c’est différencier, opposer, discuter.

Philosophie : l’explication de texte en série technologique

Les sens ne sont-ils pas suffisants pour nous fournir toutes nos connaissances ?

Méthodologie de l’explication de texte : qu’est-ce qu’expliquer un texte ?

Expliquer, c’est dire l’essentiel, dire « en peu de mots » Expliquer, c’est expliciter, analyser. Expliquer, c’est différencier, opposer, discuter.

Les questions ne sont pas indépendantes les unes des autres, mais il faut respecter leur ordre pour y répondre. Il est important de distinguer, dans un premier temps, la recherche de la compréhension du texte et la rédaction de son explication : la recherche du sens du texte nécessite qu’on le lise et qu’on le relise jusqu’à ce qu’on le « possède »

Dans votre travail préparatoire, pensez à définir précisément ce que désigne « une vérité particulière », d’« une vérité générale », et ce que signifie « universel ». Distinguez bien les deux adjectifs « nécessaire » et « suffisant ».

La question 2 demande d’expliquer des expressions, des phrases, c’est-à-dire de les rendre claires, de les faire comprendre au lecteur alors même qu’elles peuvent paraître obscures ou au contraire trop évidentes. Les expressions ou phrases ainsi choisies le sont pour leur importance dans le texte et le fait d’éclaircir leur sens permet de mieux comprendre le texte dans son ensemble. Il faut donc préciser leur rapport à l’idée générale et à l’organisation du passage.

La question 3 correspond à une petite dissertation, elle obéit donc aux mêmes règles  ; il s’agit ici de dépasser tout ce qui relève de l’opinion individuelle et de mener une réflexion personnelle à partir de l’énoncé d’un problème sous-jacent à la question posée, en confrontant les différents points de vue que l’on ne peut adopter sur le texte.

La troisième question correspond à la troisième fonction de toute explication : « La dernière question, en proposant la discussion d’une idée centrale du texte, devra permettre au candidat d’en préciser la signification et de faire apparaître le problème dont il est question ». Dans ces conditions,  la réponse à la troisième question est, en un sens, une dissertation (une dissertation particulière : guidée en partie par le texte à expliquer), mais c’est en même temps et avant tout une explication du texte, le moment culminant et le plus synthétique de l’explication de texte.

Dans la mesure où cette dissertation doit constituer encore un moyen d’expliquer le texte (ce qui a été commencé par la réponse aux questions 1 et 2), il faut que ce soit avant tout un examen du texte. Nulle difficulté à cela, puisqu’une dissertation revient toujours à l’exposition et à la discussion d’une idée et que la question qui vous est posée propose précisément la discussion de l’idée principale du texte ; il suffit donc de l’exposer à nouveau, de façon aussi claire, précise, analysée, argumentée, que possible, en la justifiant  à la manière dont elle l’est dans le texte. C’est la base de votre dissertation-examen du texte.


Cours de francais et de philosophie à distance
Leibniz

Expliquez le texte suivant de Leibniz :

« Les sens, quoique nécessaires pour toutes nos connaissances actuelles, ne sont point suffisants pour nous les donner toutes, puisque les sens ne donnent jamais que des exemples, c’est-à-dire des vérités particulières ou individuelles. Or tous les exemples qui confirment une vérité générale, de quelque nombre qu’ils soient, ne suffisent pas pour établir la nécessité universelle de cette même vérité, car il ne suit point que ce qui est arrivé arrivera de même (…) D’où il paraît que les vérités nécessaires, telles qu’on les trouve dans les mathématiques pures et particulièrement dans l’arithmétique et dans la géométrie, doivent avoir des principes dont la preuve ne dépende point des exemples, ni par conséquence des témoignages des sens, quoique sans les sens on ne se serait jamais avisé d’y penser. »

Leibniz Préface aux Nouveaux essais sur l’entendement humain. »

 

Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le texte soit d’abord étudié dans son ensemble.

Questions :

  • Dégagez l’idée principale du texte.

L’idée principale de la préface des « nouveaux essais sur l’entendement humain, IV, chapitre 2″ de Leibniz, essais qui furent publiés en 1765 après le décès de Leibniz, dialogue entre deux personnages : Théophile et Philalèthe, est une démonstration qui sert d’argumentaire  à Leibniz pour contrer le philosophe anglais Locke et sa théorie de l’empirisme en Sciences, sur le fait de considérer que « toutes les vérités dépendent de l’expérience, c’est-à-dire de l’induction et des exemples, ou s’il y en a qui ont un autre fondement ».

Autrement dit, Leibniz y défend la thèse selon laquelle les sens sont nécessaires, c’est-à-dire fondamentaux, mais non suffisants ou acceptables, pour élaborer une connaissance vraie. Il entend ainsi montrer que la vérité dépend d’un raisonnement à même de faire la distinction entre le nécessaire et le contingent des informations sensorielles.

La préface des « nouveaux essais sur l’entendement humain, IV, chapitre 2″ de Leibniz, traite donc du fondement de la connaissance.

  • Quelles sont les différentes étapes de son argumentation ?

Pour Leibniz, philosophe et mathématicien allemand, les diverses fonctions de notre sensibilité telles que l’ouïe et la vue, qui nous mettent en présence et en relation directe avec les réalités du monde sont essentielles pour une bonne représentation  privée et personnelle, mais cette fonction, qui n’apporte que des modèles, n’est que partielle et ainsi n’est pas exacte. Les sens seraient  donc loin d’être suffisants puisqu’ils n’apporteraient que des vérités spécifiques et non des vérités constantes et essentielles.

Ainsi, les sens ne peuvent pas nous donner de preuve générale sur les phénomènes, car il peut toujours y avoir un contre-exemple. Si on voit beaucoup de moutons beiges, on ne doit pas en déduire que tous les moutons sont beiges, car un jour on peut tomber sur un mouton noir, ce qui ruine notre « théorie ».

D’autre part, l’homme qui voudrait étudier le mouvement de la nature peut-il se fier à ses sens, à sa vue  ? Très vite il va rencontrer les limites de ses sens : en effet tous les jours, je peux voir le soleil se coucher à l’ouest et pourtant je sais que mes sens me trompent, je sais par les connaissances que j’ai apprises que ce qui m’apparaît être un mouvement du soleil est une illusion. Ce qui se passe c’est un mouvement coordonné de planètes qui me donne l’impression que le soleil se couche à l’ouest pour revenir le matin à l’est alors que la terre tourne sur elle-même dans un mouvement qui ne m’est pas perceptible mais que les mathématiques peuvent me révéler. Je suis donc trompé deux fois par mes sens (par la vue et par les sensations cénesthésiques qui ne me permettent pas de percevoir le mouvement de la terre).

Par la suite, l’auteur poursuit son argumentaire  en écrivant :« Or tous les exemples qui confirment une vérité générale, de quelque nombre qu’ils soient, ne suffisent pas pour établir la nécessité universelle de cette même vérité, car il ne suit point que ce qui est arrivé et arrivera de même. ». Dans la première partie de la phrase, Leibniz démontre que la plupart des exemples qui sont portés à notre connaissance, quel que soient leur quantité,  garantissent une certitude  juste et forte, mais  ne permettent pas d’attester de sa pleine et entière exactitude . Il le justifie par l’impossibilité d’avoir la conviction qu’un événement advenu d’une certaine manière surviendra toujours de cette manière. Cela signifie qu’un événement observé une fois ou même plusieurs fois ne certifie pas de se reproduire à chaque fois. Même avec une accumulation d’exemples , on n’aura guère d’autres connaissances que celle de la probabilité d’un événement à se reproduire.

Nous pouvons illustrer cette fin de phrase « car il ne suit point que ce qui est arrivé arrivera de même » très simplement par l’exemple de l’alternance du jour et de la nuit. En effet, un Homme aura beau voir le soleil se lever chaque jour pendant de nombreuses années, rien ne peux réellement confirmer qu’il se lèvera à nouveau le lendemain. De même, s’il se lève toutes les 24 heures à un endroit, cela ne signifie pas que c’est une vérité universelle car au pôle Nord, ce phénomène n’a pas lieu en 24 heures. Terre et soleil n’étant pas reliés l’un à l’autre, il se peut que l’un des deux éléments disparaisse ou change de forme.

Dans la phrase  » les vérités nécessaires telles qu’on les trouve » Une question à se poser est de savoir si  la vérité n’est pas cette norme, valable pour tous, par laquelle les hommes cherchent à mesurer le degré de validité de leurs croyances et de leurs représentations du réel. La vérité, sans se confondre avec le réel, exprime pourtant ce souci d’un réel sur lequel nous pouvons, en fonction de critères vérifiés, nous accorder et nous entendre.

  • Expliquez :  « Tous les exemples qui confirment une vérité générale, de quelque nombre qu’ils soient, ne suffisent pas pour établir la nécessité universelle de cette même vérité. » (lignes 3 et 4)

Tous les exemples apportés par nos cinq sens qui établissent dans  nos esprits des évidences, n’apportent pas la preuve que cette évidence est nécessairement une vérité exclusive.  Même en nombres infinis, les exemples ne peuvent établir cette vérité universelle.

C’est ainsi que Leibniz démontre que, aussi universelles et intemporelles qu’elles sont, les sciences ne peuvent pas se baser sur des exemples,  car leur théorème et leur application rationnelle est suffisamment véridique pour se passer des exemples en tant que preuve.

Le philosophe met donc une distance entre les sciences et les sens, car ces derniers peuvent être source d’erreur. Cela ne va pas sans rappeler Descartes, qui fondait ses démarches sur la renonciation aux informations des sens pour trouver la vérité.

  • Pourquoi Leibniz précise-t-il : « quoique sans les sens, on ne se serait jamais avisé d’y penser » (ligne 7) ?

La dernière phrase de l’extrait de l’essai de Leibniz  »quoique sans les sens on ne se serait jamais avisé d’y penser  »est particulièrement intéressante car elle montre que les sens sont  toutefois nécessaires à la recherche des connaissances aux yeux de Leibniz, même si cette affirmation représente une concession faite à sa thèse que les sens n’apportent que des vérités particulières.

  • Discutez cette phrase : les sens ne sont-ils pas suffisants pour nous fournir toutes nos connaissances ?

Pour répondre à cette question, nous devons tout d’abord rappeler ce que représentent les sens pour l’homme et leur fonction. Les sens semblent être la fonction de notre rapport au monde et à nous-même la plus simple, la plus précoce, la plus universelle : outre que nous semblons la partager avec tous les animaux, elle est présente en nous  au moins dès la naissance.

En effet, les sens sont un moyen de connaissance du monde et c’est même le premier que nous recevons à la naissance.  Ils nous permettent de créer nos repères dans le monde et nous en apportent une certaine connaissance dans la vie quotidienne et ou lors des découvertes de la petite enfance.

Par nos sens, nous  cherchons à  tout connaître. Et si nous n’avions pas ces sens pour nous interroger, comment ferions-nous ?

Cette connaissance empirique est nécessaire, dans l’apprentissage du petit homme parce qu’elle permet de faire des allers et retours entre la théorie et la pratique. Plus tard on dira de ces « allers-retours » qu’ils sont la « Praxis ».

Par ailleurs, les expériences sensibles que nous avons vécues  enfants pourraient-elles influencer ou conditionner notre manière de raisonner ? Les sens et la raison seraient-ils inter-dépendants ? Dans ce cas, d’où viennent les idées ?

Quel est donc le statut des sens dans la perception sensorielle ? En quoi les informations sensorielles sont-elles fiables ? Quelle autre source de connaissance possédons-nous ?

Nous devons ainsi nous interroger  sur les raisons de notre besoin de voir un paysage ou une personne, de regarder attentivement un événement, de sentir les bonnes et les mauvaises odeurs, de toucher tout ce qui passe à notre portée pour mieux en ressentir sous sa main les différentes sensations, de goûter les différentes substances pour mieux en apprécier la composition, d’entendre les différents sons agréables ou nuisibles !

L’apport des sens dans nos connaissances (que pourrions-nous connaître sans eux ?) est primordiale pour tous les philosophes empiristes car ils vont jusqu’à affirmer que toutes nos idées proviennent de nos sens.  Mais cette théorie que Leibniz récuse montre  ses limites  (puis-je vraiment « connaître » quelque chose si je ne compte que sur l’apport de mes sens ?) Ne sont-ils pas limités, pouvant même constituer un « obstacle » à la connaissance ?

On peut dire, de façon simplifiée, que grâce à la sensibilité, le monde paraît se donner de lui-même à nous, se présenter lui-même à nous, voire se rendre présent lui-même en nous, sans que nous n’ayons rien à faire, à la différence des situations où nous nous efforçons de prendre connaissance de lui scientifiquement, d’agir de façon maîtrisée et techniquement sur lui. Mais les sens, comme fonction de l’esprit qui nous met en relation directe avec les réalités du monde considérées comme des objets déterminés et délimités, ne sont, de fait, pas suffisants pour nous fournir toutes nos connaissances, dans les circonstances les plus générales de la condition humaine.

L’homme est aussi l’être capable d’acquérir toujours plus d’expérience par la mise à l’épreuve précisément des idées premières qu’il peut se faire de lui-même et du monde. L’expérience est donc aussi une manière pour l’homme de penser son rapport au réel à travers les différents domaines par lesquels il peut en élargir et en enrichir le sens.

L’expérience de son côté, est, en un sens, le nom générique que l’on peut donner au réel lui-même, tel que du moins l’homme est en rapport avec lui dès ses premières perceptions et actions sur le monde. Mais l’homme est aussi l’être capable d’acquérir toujours plus d’expérience par la mise à l’épreuve précisément des idées premières qu’il peut se faire de lui-même et du monde. L’expérience est donc aussi une manière pour l’homme de penser son rapport au réel à travers les différents domaines par lesquels il peut en élargir et en enrichir le sens.

Mais Leibniz  défend  la thèse selon laquelle les sens sont nécessaires, mais non acceptables, pour élaborer une connaissance vraie. Il entend ainsi montrer que la vérité dépend d’un raisonnement à même de faire la distinction entre le nécessaire et le contingent des informations sensorielles.

En effet, et afin d’illustrer sa thèse et l’idée de la connaissance prise en un sens large , qui correspond alors à toutes les représentations et idées que nous avons dans l’esprit, indépendamment de leur valeur de vérité, voici un extrait de ces essais : « Et l’on peut dire que celui qui aura vu attentivement plus de portraits de plantes et d’animaux, plus de figures de machines, plus de descriptions ou de représentations de maisons et de forteresses, qui aura lu plus de romans ingénieux, entendu plus de narrations curieuses, celui-là, dis-je, aura plus de connaissances qu’un autre, quand il n’y aurait pas un mot de vérité en tout ce qu’on lui a dépeint ou raconté ; car l’usage qu’il a de se représenter dans l’esprit beaucoup de conceptions ou d’idées expresses et actuelles le rend plus propre à concevoir ce qu’on lui propose, et il est sûr qu’il sera plus instruit, plus rompu et plus capable qu’un autre, qui n’a rien vu ni lu ni entendu, pourvu que dans ces histoires et représentations il ne prenne point pour vrai ce qui n’est point, et que ces impressions ne l’empêchent point d’ailleurs de discerner le réel de l’imaginaire, ou l’existant du possible ».

Ainsi, prise au sens large, la connaissance comprend des degrés et c’est ainsi que la simple opinion peut mériter d’être appelée connaissance , surtout dans les domaines où la connaissance ne peut faire mieux.

Or, les « principes » auxquels fait référence Leibniz dans la phrase : « D’où il paraît que les vérités nécessaires, telles qu’on les trouve dans les mathématiques pures et particulièrement dans l’arithmétique et dans la géométrie, doivent avoir des principes dont la preuve ne dépende point des exemples« , renvoient aux premiers principes mathématiques.  Ils ne sont pas établis par l’expérience des sens mais parce qu’ils s’imposent par eux et sont donc rationnels. Leibniz prend  l’exemple des mathématiques et plus particulièrement de l’arithmétique et de  la géométrie. Cette démonstration assure sa cohérence en partant d’axiomes, terme mathématique synonyme de « principes », et de définitions, terme désignant des propositions universelles, qui permettent l’existence des objets étudiés en mathématiques qui n’ont rien de réel. Ainsi dans la science, il n’est usage que de la raison. La connaissance de vérités nécessaires et universelles n’est donc pas acquise grâce à l’expérience sensible.

N’y a-t-il pas un domaine scientifique dont la rigueur semble bien reposer sur la cohérence interne du discours et non sur l’expérience sensible ? La nécessité de ces vérités s’établit, en effet, par la voie de la démonstration, qui, en mathématiques, consiste à montrer que, si l’on pose une proposition comme vraie, telle autre s’en déduit, c’est-à-dire est vraie à son tour. C’est une nécessité logique, ou mieux purement rationnelle, qui ne doit rien aux exemples. Les exemples (comme un triangle, ou telle autre figure) peuvent guider l’imagination et l’intuition dans la recherche de la proposition vraie, et permettent de confirmer que la proposition géométrique démontrée correspond à ce qu’on peut observer dans le monde, mais non pas qu’elle est nécessaire, c’est-à-dire démontrée.

Pour dépasser les vérités particulières ou éviter les illusions de mes sens, il me faut donc le découvrir à travers les mathématiques pures. Si je suis capable d’appréhender le monde à travers les mathématiques, je serai capable de dépasser les exemples particuliers pour atteindre ce que Leibniz appelle la raison de la physique. Si je suis capable de calculer le mouvement des planètes, je comprendrai que le mouvement du soleil est en fait une interaction entre plusieurs objets célestes. Je découvrirai également que le mouvement est relatif, lié à la position que j’occupe dans l’espace et que la véritable loi qui gouverne les corps célestes, c’est la force qui en est la cause.

Les exemples (comme un triangle, ou telle autre figure) peuvent guider l’imagination et l’intuition dans la recherche de la proposition vraie, et permettent de confirmer que la proposition géométrique démontrée correspond à ce qu’on peut observer dans le monde, mais non pas qu’elle est nécessaire, c’est-à-dire démontrée. Même les premières propositions mathématiques, d’où toutes les autres sont déduites, et que Leibniz nomme ici les « principes » (ce qu’on peut appeler parfois en mathématiques des « axiomes »), ne dépendent pas de l’expérience (les sens et les exemples) pour ce qui est de leur établissement : ils sont posés parce qu’ils s’imposent par eux-mêmes à l’esprit qui ne peut pas les nier sans se contredire, ce qui est la définition même de la nécessité (« ce qui est et qui ne peut pas ne pas être »). Or, précisément, pour Leibniz, les deux principes les plus hauts sont le « principe de non-contradiction » et le « principe de raison suffisante ».

C’est ainsi que Leibniz démontre que, pour être universelles et intemporelles, les sciences ne peuvent pas se baser sur les exemples, qui sont des expériences particulières et personnelles alors que les sciences font appel à la raison. Le philosophe met donc une distance entre les sciences et les sens, car ces derniers peuvent être source d’erreur. Cela ne va pas sans rappeler Descartes, qui fondait ses démarches sur la renonciation aux informations des sens pour trouver la vérité.

 

Comment analyser et commenter un extrait de Candide ou l’optimisme de Voltaire ?

Candide ou l’optimisme est paru en 1759. Candide est un conte en prose philosophique où Voltaire critique la vision optimiste en réaction envers certains philosophes de l’époque comme Leibniz.

Comment analyser et commenter un extrait de Candide

ou l’optimisme de Voltaire ?

 


Avant de commencer notre analyse de l’extrait de candide ou l’optimisme de Voltaire, nous devons réviser la biographie de Voltaire qui est un dramaturge du 18ème siècle (1694-1778) et un philosophe français qui écrivit contre l’intolérance (voir mon autre article sur Voltaire) . –

Centre d'Accompagnement en Français
Portrait de Voltaire

Candide ou l’optimisme est paru en 1759. Candide est un conte en prose philosophique où Voltaire critique la vision optimiste en réaction envers certains philosophes de l’époque comme Leibniz.

Recherche des axes : 

Trouver les axes et les sous-axes :

Tout d’abord, vous devez vous demander ce que dénonce Voltaire dans le nègre de Surinam. Autrement dit, à travers la réalité historique,  il veut faire réfléchir son lecteur sur  :

  • L’esclavage en dénonçant ses horreurs et ceux qui en profitent
  • Les procédés employés pour se procurer des esclaves
  • Une atteinte à la liberté
  • La religion chrétienne et ses partisans

Que constatez-vous sur le déroulement des événements en lisant cet  extrait ?

  • Candide et Cacambo rencontrent un nègre au bord d’un chemin, il leur raconte sa misérable vie qui se résume à peu de choses. Ses malheurs sont dus à un commerçant blanc.

Quel est le ton employé :

  • Ironie et humour noir pour nous faire sourire

Quel peut-être la problématique ?

Nous allons évoquer quelques problématiques possibles :

  • Une scène amusante au service de la critique
  • Comment ce texte parvient-il à dénoncer l’esclavage par le rire ?

Voici les informations essentielles qui vous permettront d’écrire une belle introduction et d’avoir vos axes de travail. A vous de jouer maintenant !!


CHAPITRE 19 – CE QUI LEUR ARRIVA À SURINAM, ET COMMENT CANDIDE FIT CONNAISSANCE AVEC MARTIN

     La première journée de nos deux voyageurs fut assez agréable. Ils étaient encouragés par l’idée de se voir possesseur de plus de trésors que l’Asie, l’Europe et l’Afrique n’en pouvaient rassembler. Candide, transporté, écrivit le nom de Cunégonde sur les arbres. À la seconde journée deux de leurs moutons s’enfoncèrent dans des marais, et y furent abîmés avec leurs charges ; deux autres moutons moururent de fatigue quelques jours après ; sept ou huit périrent ensuite de faim dans un désert ; d’autres tombèrent au bout de quelques jours dans des précipices. Enfin, après cent jours de marche, il ne leur resta que deux moutons. Candide dit à Cacambo : « Mon ami, vous voyez comme les richesses de ce monde sont périssables ; il n’y a rien de solide que la vertu et le bonheur de revoir Mlle Cunégonde. — Je l’avoue, dit Cacambo ; mais il nous reste encore deux moutons avec plus de trésors que n’en aura jamais le roi d’Espagne, et je vois de loin une ville que je soupçonne être Surinam, appartenant aux Hollandais. Nous sommes au bout de nos peines et au commencement de notre félicité. »

En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n’ayant plus que la moitié de son habit, c’est-à-dire d’un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu là, mon ami, dans l’état horrible où je te vois ? — J’attends mon maître, M. Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre. — Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t’a traité ainsi ? — Oui, monsieur, dit le nègre, c’est l’usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l’année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle me disait :  » Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre heureux, tu as l’honneur d’être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de ton père et de ta mère.  » Hélas ! je ne sais pas si j’ai fait leur fortune, mais ils n’ont pas fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous. Les fétiches hollandais qui m’ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d’Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous avouerez qu’on ne peut pas en user avec ses parents d’une manière plus horrible.

Extrait du chapitre 19 de Candide ou l’optimiste – le nègre de Surinam de Voltaire


Mais si vous désirez en savoir plus, vous pouvez m’envoyer un message dans le formulaire de contact ci-dessous  !

Tout savoir sur l’Incipit avec Germinal de Zola

L’incipit (il commence) remplit trois fonctions : il informe, c’est-à-dire qu’il explique et décrit (qui, où, quand), intéresse pour entrer rapidement au coeur de l’action , suscite la curiosité du lecteur et propose un pacte de lecture (la nature du livre).

Tout savoir sur l’Incipit avec l’exemple de « Germinal de Zola »

L’Incipit correspond aux premières lignes du roman : il précise la nature du récit et le genre du texte.

L’incipit est primordial car il donne le ton comme une symphonie : une atmosphère étrange,  une situation extraordinaire, des sentiments violents ou dramatiques, une énigme, un mystère.

L’incipit (il commence) remplit trois fonctions :  il informe, c’est-à-dire qu’il explique et décrit (qui, où, quand), intéresse pour entrer rapidement au coeur de l’action , suscite la curiosité du lecteur et propose un pacte de lecture (la nature du livre).


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Germinal – Zola – Extrait de la première partie chapitre 1

Dans la plaine rase, sous la nuit sans étoiles, d’une obscurité et d’une épaisseur d’encre, un homme suivait seul la grande route de Marchiennes à Montsou, dix kilomètres de pavé coupant tout droit, à travers les champs de betteraves. Devant lui, il ne voyait même pas le sol noir, et il n’avait la sensation de l’immense horizon plat que par les souffles du vent de mars, des rafales larges comme sur une mer, glacées d’avoir balayé des lieues de marais et de terres nues. Aucune ombre d’arbre ne tachait le ciel, le pavé se déroulait avec la rectitude d’une jetée, au milieu de l’embrun aveuglant des ténèbres.
L’homme était parti de Marchiennes vers deux heures. Il marchait d’un pas allongé, grelottant sous le coton aminci de sa veste et de son pantalon de velours. Un petit paquet, noué dans un mouchoir à carreaux, le gênait beaucoup ; et il le serrait contre ses flancs, tantôt d’un coude, tantôt de l’autre, pour glisser au fond de ses poches les deux mains à la fois, des mains gourdes que les lanières du vent d’est faisaient saigner. Une seule idée occupait sa tête vide d’ouvrier sans travail et sans gîte, l’espoir que le froid serait moins vif après le lever du jour. Depuis une heure, il avançait ainsi, lorsque sur la gauche à deux kilomètres de Montsou, il aperçut des feux rouges, trois brasiers brûlant au plein air, et comme suspendus. D’abord, il hésita, pris de crainte ; puis, il ne put résister au besoin douloureux de se chauffer un instant les mains.
Un chemin creux s’enfonçait. Tout disparut. L’homme avait à droite une palissade, quelque mur de grosses planches fermant une voie ferrée ; tandis qu’un talus d’herbe s’élevait à gauche, surmonté de pignons confus, d’une vision de village aux toitures basses et uniformes.
Il fit environ deux cents pas. Brusquement, à un coude du chemin, les feux reparurent près de lui, sans qu’il comprît davantage comment ils brûlaient si haut dans le ciel mort, pareils à des lunes fumeuses. Mais, au ras du sol, un autre spectacle venait de l’arrêter. C’était une masse lourde, un tas écrasé de constructions, d’où se dressait la silhouette d’une cheminée d’usine ; de rares lueurs sortaient des fenêtres encrassées, cinq ou six lanternes tristes étaient pendues dehors, à des charpentes dont les bois noircis alignaient vaguement des profils de tréteaux gigantesques ; et, de cette apparition fantastique, noyée de nuit et de fumée, une seule voix montait, la respiration grosse et longue d’un échappement de vapeur, qu’on ne voyait point.

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Questions : le personnage principal est-il présenté ? : oui, il est introduit dans le récit à la troisième personne du singulier  » il ». Nous savons qu’il est ouvrier , qu’il est seul, qu’il cherche du travail, qu’il a froid…;

Le lieu de l’action est-il connu ? : oui, l’action se déroule en extérieur, à la campagne, sur la grande route de Marchiennes à Montsou.

Les sens : la vue est sollicitée avec des tons sombres, obscurs, noirs ainsi que les volumes avec dix kilomètres de pavés, les champs de betterave, un talus d’herbe, un village aux toitures basses, une cheminée d’usine, ….

L’époque de l’action est-elle présentée ? : oui, les circonstances sont relatées : mois de mars (calendrier révolutionnaire),  par une nuit noire et glaciale.

Cet incipit nous intéresse-t-il ? Oui, car il campe une atmosphère, provoque des questions (pourquoi cet homme marche-t-il la nuit avec cette température hivernale ? Qui est-il ?, que porte-t-il, que fait-il ?) ..; et annonce une ou plusieurs thématiques comme  la recherche d’un travail, la solitude, la pauvreté, …

Quel est le contrat de lecture proposé entre l’auteur et le lecteur ? Cet Incipit, indique que c’est un début de récit réaliste : référence à un lieu précis et réel, l’histoire racontée se confond avec la réalité. Son début ‘ in média res » plonge le lecteur dans l’action en cours. La description de la nature permet de suggérer les sentiments et les émotions du personnage (le décor chez Zola suggère la psychologie du personnage). Enfin, l’histoire est racontée au passé.

L’incipit donne envie de lire le texte  : il nous pousse à continuer ou à abandonner. Pour réussir à accrocher l’intérêt du lecteur, l’écrivain doit séduire et retenir  le lecteur, ce qui est le cas pour l’incipit de Germinal de Zola.

Voir l’analyse de Germinal de Zola dans une seconde partie.

Méthodologie de l’étude des questions du corpus

Pour commencer cette séance sur la(les) question(s) du corpus du début de l’épreuve écrite du bac français, je vais vous prodiguer mes conseils généraux sur cette première épreuve à ne pas négliger. Bien qu’elle ne soit notée que sur 4 points en séries générales, il faut rédiger, argumenter et illustrer précisément vos réponses.

Méthodologie de l’étude des questions du corpus

Pour commencer cette séance de méthodologie de l’étude de la (des) question(s) du corpus du début de l’épreuve écrite du bac français, je vais vous prodiguer mes conseils généraux sur cette première épreuve à ne pas négliger. Bien qu’elle ne soit notée que sur 4 points en séries générales, il faut rédiger, argumenter et illustrer précisément vos réponses.

 Voici le déroulement du travail que je préconise en tenant compte de la gestion du temps de l’épreuve écrite du bac français qui est primordiale pour éviter le stress.

Lorsque vous avez enfin votre devoir sous les yeux, vous regardez en premier :

  • les titres et les auteurs,
  • les genres et les années de publications des oeuvres.

Immédiatement vous commencerez à avoir une idée de l’environnement historique des oeuvres.


Par exemple, si vous avez un corpus avec un premier texte extrait de « La Fortune des Rougon » d’Emile Zola publié en 1871, un deuxième texte extrait des « Misérables » de Victor Hugo publié en 1862 et un troisième extrait de texte  de « l’Education sentimentale »de Flaubert publié en 1869, que constatez- vous en premier ?

Les trois extraits datent du XXe siècle, or c’était l’époque des trois mouvements littéraires : le romantisme pour Hugo, le réalisme ou roman du vrai pour Flaubert, et le naturalisme pour Zola, sachant que le naturalisme cherche à introduire dans les romans réalistes la méthode des sciences humaines et sociales, appliquée à la médecine par Claude Bernard.

L’idéal serait d’avoir quelques connaissances sur le contexte historique  du XIXe siècle pour comprendre les genres littéraires :

Victor Hugo a commencé à rédiger les « Misérables » en 1832 avec Gavroche qui représente les Misérables à l’âge de 30 ans et durant les émeutes contre Louis-Philippe à Paris et la monarchie de juillet;

Gustave Flaubert  a débuté son ouvrage « L’éducation sentimentale »  à 47 ans durant le mois de février 1848, la révolution de février, les journées révolutionnaires,  le saccage des Tuileries et l’abdication de louis-Philippe.

Quant à Emile Zola, il a rédigé la « Fortume des Rougon »  dans les années 1853-52 lors du coup d’état  de Louis Napoléon Bonaparte, des insurrections et la proclamation du second empire de Napoélon III.


Ainsi, nous voyons que  l’histoire peut nous en apprendre beaucoup sur ces extraits, et que notre premier point commun est la mise en scène des soulèvements populaires contre le pouvoir en place  !!


Reprenons notre méthodologie :

  1. Vous lisez maintenant les trois questions du corpus afin de savoir quelles sont les attentes des examinateurs et savoir quel est le texte retenu pour le commentaire composé. 
  2. Il faut ensuite lire les textes de manière active dès la première lecture, c’est-à-dire avec des stabilos et une feuille de brouillon devant soi soulignez les mots clefs et les expressions importantes, le thème de chaque texte (en un deux-trois  mots pas plus sachant que la plupart du temps, cette question porte sur :

– les thèmes (la guerre, la liberté, l’utopie…) et la façon dont ils sont traités ;

– les registres (lyrique, pathétique, polémique…) ;

– ou encore le but (la compassion du lecteur, l’argumentation d’une thèse…).),

les verbes, les champs lexicaux…

En tout il faut compter, lecture des textes comprise une heure et c’est court.

  • Puis dans la colonne de gauche de votre brouillon, vous notez les points communs entre les textes en essayant de répondre le plus globalement possible en organisant ses idées;

Vous devez compter environ une page pour répondre aux questions, ne dépassez jamais deux pages. On attend de vous un travail synthétique et concis.

Votre réponse comportera :

– une introduction (généralement d’une phrase) : présenter le corpus, rappeler la question,

– un développement,

– une conclusion qui répond à la question et ouverture d’une perspective.


Il ne faut jamais faire une partie par texte (partie I : texte A ; partie II : texte B…).

Au contraire, il faut rassembler les textes qui ont des points communs, et prendre les différents thèmes pour chaque partie : ce n’est juste qu’un exemple de plan ;

  • Le plan ne doit pas être aussi détaillé que pour celui du commentaire (ou de la dissertation…), il s’agit simplement de répondre de manière organisée sans se répéter.

Ensuite, la réponse doit être rédigée en suivant le plan. Chaque idée et chaque argument doivent être illustrés par un exemple c’est-à-dire une référence au texte.

A la fin, relisez-vous pour chasser les fautes d’orthographe et de syntaxe.

Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline, les thèmes développés

Au sortir de la guerre, de Gaulle s’interrogeait : de nos jours, le machinisme domine l’univers. De là s’élève le grand débat du siècle : la classe ouvrière sera-t-elle victime ou bénéficiaire du progrès mécanique en cours ?

Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline, les thèmes développés.


Les thèmes développés par L.F Céline sont de plusieurs ordres.

La plupart de ces thèmes sont toujours d’actualité comme nous pouvons le constater ci-dessous : le machinisme, le colonialisme, le taylorisme, l’interrogation sur la place de l’Homme au sein de l’économie ou la rugosité d’un système social qui broie et avilit les couches inférieures.


Au sortir de la guerre, De Gaulle s’interrogeait : de nos jours, le machinisme domine l’univers. De là s’élève le grand débat du siècle : la classe ouvrière sera-t-elle victime ou bénéficiaire du progrès mécanique en cours ?

La parcellisation du travail due à l’application du taylorisme vidait un certain nombre de métiers de leur sens, entraînant une véritable crise d’identité.

De nos jours, les nouvelles technologies de communication ont à nouveau révolutionné le monde du travail de sorte que la question du Général reste d’actualité.

De plus, la tyrannie de l’objectif à atteindre au sein des entreprises, l’éloge de la flexibilité et la menace de la précarité renforcent l’interrogation sur la place de l’Homme au sein de l’économie.

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Louis Ferdinand Destouches

La voix dissidente de nombreux artistes dont Louis Ferdinand Céline s’est élevé pour éveiller les consciences.

Comment a-t fait-elle perdurer les valeurs humanistes ?

Il convient ici d’observer que les oeuvres de L.F Céline sont celles d‘un auteur soucieux de nous exposer le monde. Ce souci est celui d’un homme qui s’est heurté au fracas de la civilisation et ne pense qu’à la retranscrire. La société mutait en permanence, s’avilissait sans cesse et ces oeuvres en étaient le compte-rendu.

Ainsi à l’image de Montaigne, Céline usait de la satire afin de faire émerger de son récit autant de réflexions sur l’Homme en mettant en scène un narrateur doté d’un sens aigu de l’observation et de la satire comme dans « Des coches ».

Il s’agit là d’une dimension didactique qui révèle la fonction essentielle de ces romans, celle de dévoiler. La part personnelle liée aux expériences de Bardamu (voyage au bout de la nuit) rencontre une part plus universelle, celle des considérations générales et philosophiques qu’il expose.

L.F Céline retranscrit le poids de la hiérarchie, accablante et humiliante. A travers différentes expériences, Bardamu constate les disparités existantes entre les groupes sociaux illustrant la rigidité, voire la rugosité d’un système social qui broie et avilit les couches inférieures de cette organisation comme les dominants.

C’est le cas lors de son séjour en Afrique où comme nous l’avons rappelé l’organisation coloniale est une transposition du système social occidental avec le directeur de la compagnie et le Gouverneur placés en haut de la pyramide sociale intégrant à sa base les marginaux comme Bardamu, Robinson et les indigènes.

C’est le cas également à Détroit lorsque Bardamu travaille à l’usine dans des conditions épouvantables. Partout règne la misère et partout il est face à des supérieurs méprisants, avilis en Afrique: « Ce ne fut pas une réception enchantée qu’il me réserva le Directeur ».

Ce maniaque-il faut l’appeler par son nom habitait non loin du Gouvernement ou encore plus tard au moment de la visite médicale chez Ford lorsque le médecin lui précise: « Nous n’avons pas besoin d’imaginatifs dans notre usine. C’est de chimpanzés dont nous avons besoin…».

Pour autant il semble que chez Céline, ce soit bien la nature invariante de l’homme, ses instincts qui sont à mettre en cause et non le conditionnement qu’il subirait de la part de tel ou tel groupe social, ainsi dans les colonies, certains noirs dépourvus de tout sentiment de classe s’affranchissent de leur base et en cela entérinent la cruauté d’un système fondé sur l’exploitation: « Mais les plus dégourdis, les plus contaminés, devenaient des commis de magasin.

En boutique, on les reconnaissait les commis nègres à ce qu’ils engueulaient passionnément les autres Noirs. ».

Ce dernier point permet à Céline d’accentuer la pesanteur d’un système pernicieux et pourtant inaliénable tant ses fruits viciés répondent aux bas instincts de l’homme.


Pour en savoir plus, me contacter par mail ou sur ma page de contact !!